Darklands 2024 : Suite et fin

Mon bilan

Première chose à dire, je suis très heureux de m’y être rendu, je suis fier de moi d’avoir surpassé mes appréhensions et d’avoir osé le faire. Et sans trop vouloir me jeter des fleurs, plusieurs personnes m’ont dit qu’elles n’auraient pas eu le courage de s’y rendre seules, surtout pour une première fois.

Autre constat qui se confirme, c’était un réel plaisir de voir tous ces gens, au festival évidemment, mais peut-être encore plus en dehors, dans la rue, le tram, le train et encore en ce moment, où j’écris ces premières lignes, même à l’aéroport alors que je vais bientôt embarquer pour mon vol retour. Continuer à se reconnaître, parfois simplement grâce au wristband qui faisait guise de pass, échanger un sourire complice c’est plutôt plaisant.

Pas de jugement

Un truc bien cool aussi, c’était l’absence de jugement. On en aurait évidemment pas attendu moins dans une telle manifestation, mais à force de vivre dans une société de plus en plus superficielle où le paraître prime, on pourrait presque oublier que c’est possible. J’irais même plus loin. Certains fétiches sont très onéreux (et, clairement, la partie « shopping » du festival surf à fond là-dessus et ne fait pas de cadeaux!). Et j’avais un peu peur de ressentir un certain clivage entre ceux qui peuvent investir et ceux qui ne peuvent (ou ne veulent) pas. Mais même pas. Bon, j’ai conscience que la « sélection » ne se fait même pas nécessairement sur les tenues, mais malheureusement déjà en amont, sur l’accès au festival en lui-même (on m’a donné l’exemple d’un sud-américain qui avait dû économiser 3 ans pour se payer le vol, l’hébergement et les entrées au festival 😳).

Mais ce point mis à part, chacun est venu comme il l’entendait et à aucun moment je n’ai ressenti de jugement ou de moquerie pour qui que ce soit. Cette liberté de vivre ses fétiches, ses fantasmes, ses envies… c’est génial. Et ça devrait être toujours comme ça au fond.

Même si j’ai très peu d’expériences dans le fétichisme, de par ma grande curiosité (et mes séances de surf dans les fins fonds du web 😂), je m’estime plutôt au courant de ce qui peut se faire dans ce monde-là. Ca m’a pourtant pas empêché de découvrir certaines tenues ou certaines activités qui, je l’avoue, m’interrogent. Se demander quel plaisir une personne peut tirer de cela, c’est au fond super enrichissant tant qu’on conserve un regard respectueux.

Après j’ai conscience qu’en tant que « newbie », émerveillé d’être plongé dans un monde un peu parallèle, j’ai sans doute un avis un peu biaisé mêlé d’une certaine naïveté. Je sais que tout n’était pas que du positif, que certaines activités ont ouverts des débats (notamment la « Horse Fair », je te laisse chercher si tu veux savoir de quoi il s’agit), etc. Mais je préfère rester un peu avec mon regard naïf en fait 😉

Du cul… au CULturel

Dans ce qui pourrait prêter au débat, il y a le fait que ce festival ne serait qu’un prétexte à se retrouver dans une darkroom géante et d’y organiser une sorte de grosse orgie sur plusieurs jours. Clairement, certains y sont allés pour ça. Ce n’était pas mon cas, mais sur le fond j’y vois pas de problème tant que cela se fait dans le respect de l’autre et du consentement. Même si le contexte est différent et moins « déluré » que lors de ma première soirée au Boots (voir mon précédent article), en tant que visiteur, il faut quand même t’attendre à tomber sur des activités sexuelles ou BDSM au détour de tes déambulations (certains stands sont même dédié aux démos, notamment de bondage). Il ne faut donc pas t’attendre pas à ce que cela soit « caché » et limité aux zones clairement dédiées à ces activités. Alors, très clairement, si c’est quelque chose qui te mets mal à l’aise ce n’est peut-être pas une bonne idée d’y aller.

Histoire peut-être de se donner une image plus « politiquement correcte », des Masterclasses étaient organisées tout au long du festival. Elles abordaient des thèmes aussi variés que les relations Maître/esclave, l’hépatite C, le fist ou le plaisir par la douleur. J’ai assisté à plusieurs d’entre-elles et je crois que c’est ce que j’ai préféré! Certes, les conditions n’étaient vraiment pas optimales (salles souvent si bruyantes que ça couvrait la voix des intervenants). Mais malgré cela, si je dois retenter l’expérience du Darklands, aucun doute que je participerai à plus de ces Masterclasses. Merci en particulier à English Leather Master (SFW et son alt NSFW) et son « boy » pour avoir chapeautés tout cela et animés plusieurs cours eux mêmes.

Bilan timidité: moyen

J’ai envie de dire qu’on ne se refait pas. Bien entendu, si je suis vraiment objectif et que je me compare sur une plus longue période de temps, il y a vraiment du progrès.

  • Est-ce que j’aurais osé me rendre au Darklands ou au Boots il y a quelques années ? Clairement non.
  • Est-ce que j’aurais osé « m’afficher » en public avec des accessoires ? Pas comme j’ai pu le faire, non. Mais je l’avais déjà fait un peu en fait, dans l’espoir qu’on fasse un pas vers moi. Ca parait bête, mais j’espérais un peu qu’on me dise « salut, moi aussi je suis un soumis » par exemple.

Ca prend du temps donc, mais je suis fier de ces progrès et j’essaie de les garder en tête pour ne pas être trop sévère avec moi même. Car niveau timidité, la partie est loin d’être gagnée. Je reviens de ce festival avec le sentiment amer que j’aurais pu/dû faire plus. Plus aller vers les gens, prendre plus de risques (par rapport à ma relation avec les autres, on s’entend). J’ai un peu la sensation d’avoir loupé des opportunités. Par exemple, au lieu d’envier ces soumis qui léchaient ces bottes, est-ce que je n’aurais pas dû oser aller proposer aussi mes services ?

Le bilan est pas catastrophique pour autant. J’ai pu rencontrer des gens mais j’ai juste le regret de ne pas avoir réussi, encore une fois, à faire le premier pas. A ma décharge, beaucoup étaient là en groupe, se connaissaient déjà d’autres événements du genre, etc. Alors vu que c’est déjà difficile pour moi d’approcher une personne seule, me taper l’incruste dans un groupe c’est une autre paire de manches… autant tenter l’ascension de l’Himalaya 🤣.

J’en vois certains qui se disent : « et l’alcool, ça aide ». Pas faux. J’ai bu, un peu, les deux premiers jours histoire de me détendre un peu. Mais très clairement mon objectif n’était pas d’être plus social grâce à l’alcool. Ca je sais déjà que ça marche (et encore c’est pas miraculeux). Non, mon objectif est d’y arriver sans cette béquille (et je connais un alcoolique, je sais que c’est vraiment pas la solution). Mais petit à petit j’ai envie d’y arriver. Je perds pas espoir 😉

Mais tout de même des rencontres, ouf

Parmi elles, je garde notamment en mémoire ce gars, dans un groupe de puppies qui, peut-être un peu par pitié, est venu me chercher et m’a présenté à tout son groupe. C’était super sympa de sa part. J’en ai revu certains dans la journée et on a parfois pu partager encore quelques moments. Mais le problème c’est qu’on perd facilement de vue les gens quand il y a autant de monde. Je n’ai pour ainsi dire par réussi à remettre ma patte dessus les jours suivants, dommage.

Et puis il y a ce soumis français, voisin de chaise lors d’une Masterclass et avec qui j’ai sympathisé et pu discuter de nos expériences, etc. C’est d’ailleurs quelque chose qui me manque dans ma vie de soumis : avoir un pote comme moi. L’idéal ça serait d’en avoir un dans ma ville, avec qui je pourrais aller boire un verre par exemple. Mais c’était une belle rencontre! On a même passé mon dernier jour au festival à se balader entre les différentes zones et à discuter. Et on a gardé contact. Je connaitrai au moins une personne si je retourne au Darklands l’année prochaine 😀

Enfin, je citerai encore cette émotionnante rencontre avec cet animateur de l’une des Masterclasses : Slave phil, auteur du site « Master slave Lifestyle« . Il y a deux ans de cela, un peu dépassé par mes émotions, et sur les conseils de mon Dominant, j’avais cherché à discuter et éventuellement trouver de l’aide auprès d’autres soumis. Et j’avais contacté phil, qui avait justement abordé le thème des émotions sur son site. Il m’avait aidé à l’époque. Donc je m’étais dit que j’allais le remercier de vive voix, persuadé qu’il ne se souviendrait pas de moi. Et ce fut une touchante surprise de constater qu’au contraire il s’en souvenait très bien, que nos discussions à l’époque l’avait marqué. J’en suis reparti avec les larmes aux yeux.

Post-scriptum

J’ai mis un petit moment à terminer ce bilan, quand bien même je l’avais commencé alors que j’étais encore à l’aéroport à Bruxelles. En fait, en revenant, j’ai eu un « event drop », terme que j’ai appris tout récemment. Le retour à la vie « normale » (avec de gros guillemets) et la sortie de cette bulle sans doute. Je m’attendais à quelque chose, mais là, associé à d’autres choses, ça a gentiment mis en place un petit coup de blues. J’avais même été prévenu par le français que j’avais rencontré que ça pourrait m’arriver. Et on trouve plusieurs occurrence sur le net. Bref, tu sauras que ça peut t’arriver.

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