
Ca faisait un moment que je travaillais sur le thème des modifications chez le soumis. Les modifications comportementales, physiques, psychologiques. Un thème bien plus vaste et complexe que je ne l’imaginais à l’origine. En effet, elles sont la base de la construction du soumis et la raison d’être du dressage prodigué par nos Dominants. J’étais parti sur une sorte de passage en revue de tous les types de modifications imaginables dans une relation Dominant/soumis. Mais force est de constater que le projet était bien trop ambitieux et surtout je n’ai pas la prétention d’en maîtriser tous les aspects et subtilités. Après un énième remaniement de mes ébauches d’articles, je me suis décidé à rester relativement simple et de ne te parler que de ce que je maîtrise vraiment : les modifications qui me concernent.
Dans cette première partie, je souhaite revenir sur le déni d’orgasme. J’avais déjà traité du sujet dans mon article « Le déni d’orgasme est-il vraiment une privation de plaisir ?« . Mais comme nous sommes encore au mois de novembre, et donc toujours dans le « No Nut November » (voir l’avant dernier paragraphe de mon article sur le Locktober pour plus d’infos sur ce mouvement), je me suis dit que ce serait une bonne occasion de revenir sur le sujet mais du point de vue des modifications corporelles et psychologiques.
Plus de 5 mois sans orgasme : quels effets ?
A l’époque où j’avais écrit l’article sur le déni d’orgasme, je n’en étais même pas à un mois de privation. A l’heure où j’écris ces lignes, j’en suis à 5 mois et demi. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, mais toujours aucune goutte de sperme n’est sortie du contenu de la cage, du moins pas volontairement (le corps s’auto-régule et donc il est arrivé que du sperme s’écoule au moment d’uriner par exemple).
La première chose que je peux te dire c’est que je me sens toujours aussi incroyablement bien avec ça. Oui, il y a des jours où je suis frustré (et encore, pas comme on l’imagine, mais je vais y revenir). Et non, je n’ai jamais eu l’envie de me remasturber depuis. C’est sans doute ici la modification comportementale la plus notable due à la cage de chasteté et à la privation d’orgasme : le geste reflexe de se masturber, parfois inconscient, qu’on peut avoir au moment d’une excitation sexuelle à complètement disparu. Avant cette privation d’orgasme, j’avais encore l’habitude de « jouer » avec mes testicules dans ces moments là. Sans nécessairement chercher à atteindre l’orgasme, mais pour se maintenir un peu dans cet état d’excitation, comme le ferait par ailleurs n’importe quel Homme avec son sexe. Aujourd’hui même ça a disparu. Je ne me mets d’ailleurs même plus nu dans ces moments (sauf si je m’entraine au même temps pour la sodomie).
Les excitations sexuelles n’ont pas disparues pour autant, bien au contraire. Je dirais même que je suis constamment excité (après il y a forcément des jours où je suis moins dans le mood que d’autres, c’est sûr). Et c’est là que vient la modification psychologique. N’importe qui, à défaut de pouvoir avoir une relation avec quelqu’un à ce moment, soulagerait cette tension sexuelle par la masturbation. Il est clair que je ne fonctionne plus comme ça désormais. Mon excitation sexuelle n’est plus liée et ne m’amène donc plus à un soulagement physique au travers de l’orgasme et l’éjaculation. Je te disais dans mon article sur le déni d’orgasme que la masturbation s’était révélée être un poids pour moi et que, à l’époque où l’interdiction avait été introduite, le soulagement avait été instantané. Aujourd’hui, avec plus de recul, je ne peux que confirmer cet état de fait. La cage a révélé l’inutilité de mon sexe, l’interdiction d’orgasme révèle quant à elle que je ne fonctionne vraiment pas ainsi. Dans les deux cas il n’y a jamais eu de conflit interne, tout est fluide et me semble normal. Ma frustration, dont je te parlais plus haut, n’est donc pas de ne pas avoir d’orgasme. Elle est de ne pas pouvoir servir. La différence est là! Je suis vraiment né pour servir, et la phrase n’est pas écrite sans raison.
Changements de perceptions
Il y a d’autres modifications induites par la cage et le déni d’orgasme que j’ai constaté et que je souhaiterais te faire part. La première est lié à la cage et date d’il y a longtemps. Elle peut paraitre assez logique d’ailleurs, mais m’imaginer nu avec une pleine érection est devenu une image particulièrement dérangeante. Ce n’est d’ailleurs pas quelque chose à laquelle je pense, ou pensais, habituellement. Cette constatation m’était en fait venue en voyant sur le net un soumis que je suis, qui est habituellement en cage mais qui, pour l’occasion, pouvait déambuler « libre », avec son sexe en érection. J’avais trouvé ça tellement bizarre et je m’étais par la suite rendu compte à quel point transposer cette image sur moi, de m’imaginer mon propre corps dans le même état, était gênant, inapproprié et tellement discordant. Dans mon esprit, mon « sexe » c’est n’est plus que ce petit truc qui me sert à uriner et que je vois tous les jours dans sa cage. Je ne me vois plus, je ne me vois pas et ne souhaite pas me voir avec un sexe dur et fièrement dressé. Ce n’est pas moi. A vrai dire je doute même que je me sois déjà réellement « vu » ainsi sans être dérangé d’une certaine façon. Evidemment, m’imaginer me masturber est logiquement devenu tout aussi dérangeant.
Tout autre chose maintenant. Niveau consommation de porno, quelque chose que je n’avais pas du tout avant et que j’ai acquis, en particulier depuis ma privation d’orgasme, est de regarder ces vidéos où un Homme se masturbe en solo ou est masturbé par quelqu’un d’autre jusqu’à l’orgasme. Je trouvais ça plutôt ennuyant avant alors qu’aujourd’hui c’est devenu mon « petit plaisir porno ». Ces vidéos me procurent véritablement du plaisir par procuration, comme ce que je ressens quand je sers mon Dominant : Son plaisir est mon plaisir. Et leurs orgasmes en vidéo me donnent une forme de plaisir inédite : c’est un vrai bonheur de les voir prendre leur pied. Et le plus fou, c’est que ça me parait tout à fait normal et plaisant que ça se passe ainsi : orgasme, plaisir et éjaculation pour eux, rien de tout ça pour moi. J’ai d’ailleurs découvert tout récemment un intérêt à l’idée de voir mon Dominant prendre plaisir même avec quelqu’un d’autre. Ce n’est pas encore arrivé et je ne suis pas du tout en train de me découvrir un côté voyeur. Mais qu’Il ait du plaisir est véritablement ce qui m’importe! Que ce soit moi qu’Il utilise pour y parvenir ou non me parait être devenu absolument secondaire.
Dans le même contexte que de me voir avec un érection, j’ai récemment aussi constaté un autre changement dans la façon dont je me percevais vis-à-vis des éjaculations. De la même façon qu’expliqué plus haut, je n’ai jamais eu l’habitude de m’imaginer en train d’éjaculer. Pourtant, récemment je me suis surpris à le faire et, sans trop de surprise, ça aussi c’est devenu une image bizarre. J’irai pas encore jusqu’à dire dérangeante, mais clairement « curieuse ». Comme vu avec distance, de quelque chose qui m’est un peu inconnu. Et en fait, cela m’a fait me rendre compte que c’est la sensation même de l’orgasme qui commençait à devenir floue dans mon esprit. Certes, ça ne fait « que » cinq mois et demi que je n’ai plus du tout joui, mais ça fait en réalité 2 ans et demi que je n’ai plus eu de vrai orgasme (et comme expliqué dans les divers articles précédents, un orgasme en cage n’a rien de comparable). Il n’est donc peut-être pas si surprenant au final si je commence à oublier ce que c’est et ce qu’on ressent mentalement et physiquement.
Point de non retour
Je me souviens avoir lu il y a bien longtemps des récits de soumis, devant suivre les mêmes règles que moi aujourd’hui, qui racontaient avoir le droit à un orgasme pour leur anniversaire ou nouvel an s’ils s’étaient bien comportés durant l’année. Je voyais à ce moment là l’idée que l’orgasme soit transformé en quelque chose de rare, et donc précieux, ou en récompense comme quelque chose de très excitant. Je m’imaginais à quel point ça devait être un événement attendu pour le soumis. Aujourd’hui j’avoue que cette idée n’est pas aussi attrayante qu’on pourrait le penser. Ca me ferait plutôt même peur, n’ayant sincèrement aucune idée de ce que je ressentirais.
Je sens en fait que la transition s’opère. Il est indéniable à présent que je n’ai plus ni besoin, ni envie d’avoir d’orgasme avec ce qui était mon sexe auparavant. J’en suis au point de douter si m’accorder le droit de me masturber serait une récompense ou au contraire une punition. Les câbles ont été débranchés du côté du contenu de la cage pour les rebrancher sur ce qui devrait devenir mon organe sexuel : mon anus. Mais le reroutage vers celui-ci, mon vagin tel que mon Dominant souhaite que je le nomme, n’est pas complet et demande encore de l’entrainement. Je n’ai donc pas encore connu d’orgasme vaginal et il n’est même pas garanti que j’en ai un jour. Mais le simple espoir qu’il puisse fournir du plaisir à mon Dominant me contente entièrement. C’est tout ce qui m’importe aujourd’hui et ça sera le cas encore demain car je sais que c’est ainsi que je fonctionne désormais. Pas de tristesse ou de regret par rapport à ce que j’ai « perdu ». Mais au contraire de la joie par rapport à tout ce que je découvre sur moi, sur mon corps et mon esprit, et ce que je gagne. Je ne souhaite pas de retour en arrière donc, ni sur la cage, si sur la masturbation, ça j’en suis on ne peut plus convaincu.
Conclusion en forme de mise en garde
J’imagine que beaucoup d’entre vous risquent de ne pas se retrouver dans ce récit. En effet, je vis ma chasteté et cette privation d’orgasme avec une facilité déconcertante alors que ce sont de vrais challenges pour la majorité des gens, avec parfois de forts impacts sur la santé mentale.
Je ne saurais trop te dire pourquoi je n’ai pas ces difficultés, si ce n’est que ces règles sont simplement révélatrices de ma vraie nature et sont en accord avec celle-ci. Mais même comme ça ce n’est pas une garantie de vivre ces modifications avec facilité. Je tiens donc particulièrement à te dire « pas de pression » si tu ressens des difficultés. Mon cas n’est vraiment pas à prendre comme l’exemple d’une évolution normale ou de ce que tu devrais vivre si tu es soumis aux mêmes règles. L’important est de savoir s’écouter et de communiquer. Je sais à quel point un soumis aura envie de satisfaire son Dominant, allant parfois jusqu’à nier des problèmes ou de véritables difficultés… mais c’est risqué. Si la cage, la privation d’orgasmes ou plus généralement n’importe quelle règle ou activité devait créer une détresse psychologique, parles-en avec ton Dominant et n’attends pas que ça devienne grave ou traumatisant pour toi. Selon moi, la soumission doit toujours nous amener à être une meilleure version de nous même, à nous tirer vers le haut. Si ce n’est pas ce que tu ressens, c’est qu’il y a un soucis.